En
ces temps
d’ accélération et de saturation visuelles, de fusion
grandissante entre les pixels et notre réel, pourquoi s’ intéresser
encore à cet art surgi du passé qu’est le vitrail ?
J’ai souvent retrouvé dans les propos de spectateurs cette expression proche de mes propres motivations:
« cela fait du bien ».
Quelques
images de dalles blanches et froides parsemées de taches de couleur, un
rouge intense répandu sur le sol d’une chapelle dans la chaleur de
l’ été, fixent des instants de profond bien-être.
Ou simplement quelques carreaux
teintés dans un vieux pavillon de banlieue .
Ces
effets de cloisonnement et de coloration de la lumière par la matière
préexistent: dans tout contre-jour minéral, végétal, aquatique, le vitrail se suggère.
Dans un de ses prototypes les plus achevées, l’ aile de papillon, le trait noir qui sépare et souligne est déjà là.
Au
sein de tous ces phénomènes visuels, le peintre verrier pose
(interpose) une figure, qui ne relèvera pas forcément du passéisme, du
décoratif ou du « kitch ».
La
peinture de chevalet, dans son apparent statisme dévoile peu à peu son
labyrinthe, attrapant le regard et laissant dériver l’esprit. Le vitrail,
physiquement plus lourd, se démultiplie sous les variations de la
lumière ambiante et suspend volontier l’ instant.
Antidote
à nos agitations ?
Art monumental, ambitieux, parfois onéreux , le vitrail peut intimider.
Mais en le ramenant à des dimentions picturales, en allègeant son
installation et en le rendant abordable, ce n’ est plus une
aventure aussi techniquement difficile.